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Les dunes du kalahari

Les dieux du voyage existent ! En arrivant à Gobabis, après avoir traversé les dunes du Kalahari (ce qui dans le langage local signifie grimpé une série de murs), parcouru 260 km en quatre jours (au lieu des six prévus) et pris toute l’eau du ciel sur la tête (on nous avait pourtant dit que la saison des pluies était terminée), nous ne trouvons pas d’endroit où dormir. En insistant un peu, on finit par atterrir dans un « bed and breakfast » un peu excentré, mais il ne nous convient pas (on est exigeants pour les étapes de repos !). Nous décidons de changer. Olivia a des problèmes techniques sur son vélo, qui ne sont pas faciles à régler. On envisage de faire un aller et retour à Windhoek en mettant le tricycle dans la benne d’un pick-up, mais cette option nous déplaît car en voyage, on aime bien rester sur notre ligne. La gérante du deuxième « bed and breakfast » nous accueille très gentiment. Son beau-frère tient un magasin de vélo à Windhoek. Elle propose d’appeler un ami qui s’y trouve actuellement, il pourra rapporter les pièces dont on a besoin. C’est lui qui répare les vélos à Gobabis, dans le coin d’une concession automobile. Nous sommes samedi soir et le dimanche ici, les gens vont à l’église. Pourtant le lendemain matin, Christian nous appelle et nous propose de le rejoindre dans son garage, à 800 m de notre hébergement. En trois petites heures, aidé par deux de ses amis, il remet Guliver en ordre de marche, réparé, réglé, nettoyé, avec en prime quelques explications pour éviter les crevaisons dans le désert. Mais qui a mis sur notre chemin ce technicien compétent, disponible, souriant et opiniâtre, un dimanche matin, dans une ville qui ne compte que très peu de cyclistes ? Seuls les dieux du voyage sont capables d’une telle prouesse. Sans doute ont-ils voulu féliciter Olivia pour avoir franchi un à un tous les obstacles que le désert a mis sur sa route, planté la tente juste au bord de la piste à la tombée de la nuit et bouclé la plus longue étape du voyage alors que tout autour le ciel s’assombrissait. Nous voilà dans une petite chambre confortable pour trois jours de repos, avec deux vélos prêts à repartir sur les pistes, en espérant que les pluies cessent enfin. Merci aux dieux du voyage pour leur fidélité. « Aide-toi, le ciel t’aidera », les dictons ne se trompent jamais !

Yves


Le désert du Kalahari est définitivement plus grand et plus fort que moi. Même si nous n’en sommes qu’à la lisière, il me dépasse de la tête et des épaules, de par sa dimension, de par sa taille et le sentiment d’isolement qu’il procure.

Pourquoi alors avoir choisi de quitter la belle route goudronnée, sur laquelle nous avancions depuis quelques jours à un rythme soutenu, pour aller me perdre au milieu des dunes, sur une piste sablonneuse et rebondissante, aussi exigeante qu’intransigeante ? J’en suis sûre aujourd’hui, ce n’est pas sur le bitume que je trouve mon bonheur. Même si c’est, bien sûr, plus « facile », même si c’est plus « aisé » sur la route goudronnée.

Le simple mot « Kalahari » me met, depuis toujours, des papillons au ventre et des étoiles au cœur. Si je veux le vivre dans sa réalité, si je veux goûter aux impressions, accumuler du vécu, comprendre et apprendre à son contact, c’est au milieu des dunes qu’il faut aller se perdre !

- Push Bush n’a pas vocation à être facile.

- Push Bush est une expérience de vie « grandeur nature », « grandeur désert ».

Sa raison d’être, si je me permets une honnêteté toute transparente, c’est de m’extraire, pendant un temps du « monde des humains », pour remettre la nature au centre de mon dispositif. Dans le moment que nous vivons tous collectivement aujourd’hui, cette démarche m’apparaît personnellement comme essentielle. Il est temps de questionner notre rapport à la nature et de lui redonner, dans nos vies, la place qui lui revient. Sur Push Bush, c’est une certitude, c’est le désert qui joue les premiers rôles. A son contact, j’apprends énormément, sur moi, sur les autres. Grâce à lui, je reprends confiance !

Alors oui, j’ai quitté la route pour reprendre la piste.

- Oui, je me suis ensablée, trop souvent.

- Oui, j’ai rebondi sur de la tôle ondulée, involontairement.

- Oui, j’ai essuyé l’orage et souffert dans la montée des dunes, lorsque, fièrement, elles venaient se dresser, l’une après l’autre, devant un Gulliver de plus en plus incrédule.

Coup de pédale après coup de pédale, dune après dune, il a fallu s’accrocher. Il a fallu passer. Le désert n’aime ni la paresse, ni la demi-mesure. Il n’accepte de se révéler qu’au prix d’un engagement total, d’une envie et d’une motivation intactes, presque enfantines.

Merci au Kalahari pour la beauté des paysages, pour le sentiment de bonheur et de plénitude intenses, pour nous avoir acceptés en son cœur avec Gulliver et pour s’être petit à petit dévoilé à nous, dans ce qu’il a de plus vrai, de plus authentique, sa dimension, sa beauté. On a aussi appris qu’il pouvait parfois être en colère et nous déverser le ciel sur la tête.

Merci à toi, Yves, de me laisser vivre Push Bush, comme je l’avais rêvé .Merci de le laisser s’exprimer dans toute sa démesure et de me suivre dans chacune de mes décisions parfois incongrues. Ce n’est que comme ça que ce projet me porte et me transporte !

La route est facile ? Prenons la piste à travers les dunes !

A bientôt,

Olivia




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