Certains d'entre vous ne comprennent peut-être pas pourquoi, cette fois, je ne partage pas à vélo, le voyage d'Yves. Parce que oui... nous sommes pourtant bien un couple de voyageurs à vélo. Mais, dans un couple, on ne partage pas obligatoirement toujours les mêmes rêves. Pour ma part, j'ai compris lors de notre dernière aventure commune à travers la Laponie et jusqu'au Cap Nord en hiver que le froid n'était décidément pas un environnement dans lequel j'étais très à l'aise. J'avais vraiment adoré ce voyage et les ambiances inouïes que le froid occasionne, mais physiquement, c'était vraiment... vraiment trop dur ! C'est peut-être à cause de mon handicap qui, très sincèrement, ne m'a pas facilité la vie. C'est peut-être parce que mes origines colombiennes me poussent beaucoup plus naturellement vers le chaud et le soleil.

Quoi qu'il en soit, au retour du Cap Nord, j'ai mis deux ans à me remettre sur pied. Je ne voulais plus entendre parler de vélo, j'ai pris 20 kilos... bref, j'étais épuisée ! Aujourd'hui, je ne suis pas prête à payer le prix fort pour un rêve que je ne partage pas suffisamment fort. Vous le savez comme moi, pour réaliser un grand projet, il faut l'avoir chevillé au corps. Il faut qu'il vous empêche de dormir !
Mon grand rêve à moi, à vélo, c'est pour plus tard ! Celui là oui, il est gravé au fond de mon coeur, de mon corps. Je le prépare minutieusement depuis plus d'un an maintenant ! C'est un gros projet qui se marie mal avec la Sibérie. Nous aurons le temps d'en reparler plus tard !
Ici, c'est la Sibérie. Et la Sibérie, c'est le grand rêve d'Yves ! Voilà des années qu'il a ce projet vissé au coeur et ai corps. Il en parle, il en reparle, il en rêve, il en re-rêve ! Et moi, j'aime voir cette lumière briller au fond de ses yeux ! Il est beau quand il est passionné ! Il fallait qu'il y aille ! Il fallait qu'il parte ! Pour vivre à sa mesure ! Pour faire ce qu'il aime ! Pour être là où est sa place ! Et moi ? Moi je suis là par amour pour lui. Tout simplement. Parce que je ne sais que trop bien, qu'on ne réussit un gros projet, qu'avec l'aide, l'amour et le soutien de ceux qu'on aime. Parce que je sais que, cette fois, la marche est haute. Never-Never est certainement le plus engagé de tous ses voyages, de tous nos voyages. J'ai donc décidé de prendre ma place différemment dans ce voyage. Je mets tout en oeuvre pour que lui arrive au bout de son rêve. Je m'occupe de logistique, de communication, du documentaire qui se tourne autour de Never-Never. Et puis surtout, je suis là. Jamais très loin de lui. Pour pouvoir le soutenir, l'encourager, l'aimer et éventuellement l'aider et intervenir à ses côtés si besoin. Mon dernier rôle auprès de lui, c'est d'être son baromètre. J'ai la chance de bien le connaître ; de bien le connaître à l'effort surtout. Ensemble, nous avons parcouru 60 000 km sur les routes du monde. Je pense connaître ses réactions, ses coups de mou, ses envies, ses obsessions. Lorsqu'il me parle, j'écoute d'abord et avant tout ce qu'il ne me dit pas. Pour pouvoir juger de son état de fatigue, de sa courbe de bonheur. Si un jour, je sens qu'il se met en danger je l'arrêterai sans état d'âme. Mon plus grand souhait pour lui, c'est qu'il aille au bout de son rêve, mais pas à n'importe quel prix. Il le sait. Nous le savons aussi tous les deux. Je sais aussi que si je lui dis stop, il m'écoutera. Parce que je ne l'arrêterai pas en vain. Parce que je ne l'arrêterai pas pour de mauvaises raisons.
Pour l'instant, même s'il avance doucement, il va bien et il est heureux ! La Sibérie le remplit chaque jour un peu plus d'un immense bonheur !
Allez, on y croit tous avec lui ! Je compte sur vous ?